Détacher sa pratique artistique des cycles de désappropriation

4000 mots publiés en novembre 2011
Sous la coordination de Jocelyn Robert

Inter, art actuel n° 109 propose de réfléchir à partir de la mise en situation suivante : « Les arts médiatiques ont 50 ans. C'est probablement un bon moment pour se demander ce qui s'est passé, si ça valait la peine, ce qui se passe encore, si l'on veut vraiment que se passe ce qu'on pense qu'il se passera à compter de maintenant. » Cet énoncé est piégé, parce qu'affirmer que les arts médiatiques ont 50 ans, c'est annoncer un parti pris. On pourrait proposer – certains l'ont fait – que les arts médiatiques commencent avec la photographie : en France, au début du XIXe siècle. Mais d'autres diront que la photographie est un art semi-médiatique : si un appareil est nécessaire (?) pour produire l'œuvre, ce n'est pas le cas pour l'apprécier. Se pointe 50 ans plus tard le phonographe. Là, pas d'ambiguïté : machine au départ et machine à l'arrivée. Et pourtant, ni Niépce ni Edison n'ont cru nécessaire d'inventer l'expression « arts médiatiques ». Pourquoi ? Parce que l'action de nommer un champ d'expertise artistique n'est pas posée en fonction des outils ou des nécessités techniques, mais pour des raisons politiques, pour affirmer un droit sur un territoire : se donner l'autorité de dire « ceci est de l'art médiatique ; cela n'en est pas ». Or, placer le début des arts médiatiques il y a 50 ans est, justement, une revendication politique.

Textes de Nathalie Bachand, Marie-Ève Beaulé, Louise Boisclair, Nathalie Côté, Silvio de Gracia, Karine Dezainde, Marie-Hélène Doré, Charles Dreyfus, Jean Dupuy, Julie Gagné, Susanne Jaschko, Geneviève Loiselle, Richard Martel, Hélène Matte, Lisa Moren, Émile Morin, Nicolas Reeves, Jocelyn Robert, Alain-Martin Richard, Guy Sioui Durand, Patrick Tréguer, Sylvie Tourangeau.

http://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=2250&menu=

photo
Couverture de la revue Inter no.109